vendredi 13 janvier 2012

5- Estime de Soi : Comment y arriver ?

Clinique La Sagesse en Soi - Estime de Soi
D’abord, s’accepter
C’est un principe fondamental en médecine et en psychologie, on ne peut  changer à l’intérieur de soi, que ce l’on a déjà accepté. Cette acceptation de ce qui est arrivé, ce que ce que nous sommes est un  préalable à tout traitement et à tout progrès.

Cependant ce n’est pas facile d’accepter ce que nous sommes. Les patients peuvent commencer par admettre leur sentiment de honte ou de culpabilité  mais résistent toujours à l’idée d’évaluer leur responsabilité.


Il existe une différence entre admettre et accepter, admettre c’est un aveu, accepter est une expérience psychique, émotionnelle et intellectuelle.

S'autoriser à avoir des émotions et des besoins,  les exprimer permet de devenir une personne en harmonie avec soi –même, consciente de son identité propre, de son vécu corporel, de ses émotions et ses besoins.

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Se pardonner

Après l’acceptation, le pardon signifie la fin de la guerre civile déclenchée dans nos têtes. Pardonner à soi -même signifie dépasser la culpabilité et la honte. Dans nos conflits intérieurs il existe toujours des fautes qui nous hantent. Des situations où nous étions peu intéressants selon nos propres jugements.

Se pardonner peut se passer dans les cas simples par un simple travail sur soi même, une réflexion, une interrogation, mais dans les cas d’une culpabilité notable, il est possible de faire appel à un praticien ou à une personne ayant la capacité d’écouter et d’analyser.

Pardonner à soi même est un acte difficile. Comment puis-je pardonner à ce monstre que j’étais lors de tel acte ou pendant tel événement ?

Le principe dans ce cas est de :

  • - Refuser la culpabilité toxique : la répétition de la faute ne doit pas être permise.
  • - Remettre les actes dans leur contexte.
  • - Cultiver ce qui est bien, critiquer ce qui est mal
  • - Prendre ses distances avec ce comportement
  • - Accepter et comprendre la réaction des autres vis à vis de notre comportement
  • - Admettre ses besoins et ses limites.
  • - Le droit à l'erreur : L'expérimentation donne des résultats positifs et négatifs. La peur de l'erreur peut devenir anxiété, puis immobilisme. 
Agir pour ce qui est important

En nous référant à notre échelle de valeur, nous pouvons faire des choix qui ont un effet positif sur notre estime. Si l'honnêteté est une valeur importante pour vous, soyez honnête, si la fidélité dans le couple est importante pour vous, soyez fidèle.

Ce respect de soi a un prix, tout comme le non-respect en a un.  Être fidèle dans le couple par exemple signifie un renoncement total aux autres partenaires.  Qui a dit que c’est facile ???

Être infidèle,  c’est le couple qui risque de subir les conséquences. C’est un problème aussi et un prix à payer. Cependant respecter ce qui nous importe.  C’est le principe.

L'estime se bâtit en relevant des défis,  le risque est présent : déplaire, perdre, être rejeté, échouer, etc. Mais sans prise de risque, aucune réussite n'est possible.

Prendre soin de soi même

Lorsqu’un patient consulte pour anxiété ou dépression, l’estime de soi  souffre aussi. En parlant, on trouve parfois  dans cette mauvaise estime de soi. L'estime de soi  (est faite de quatre composantes selon les données actuelles de la littérature médicale : le sentiment de confiance, la connaissance de soi, le sentiment d'appartenance à un groupe, le sentiment de compétence.) , un manque d’écoute de son monde intérieur, de ses désirs, de ses émotions.

Mais la vie change aussi nos besoins, et nos aspirations. Ces besoins vont apparaître donc comme désir, rêve ou fantasme.

A chacun de trouver ce qui important dans ces désirs, en cherchant satisfaction et non pas le plaisir immédiat bien sûr.

Le problème est que nos besoins  se manifestent comme impératifs ( désir, rêve, sentiment d’urgence) ,

et dans chaque cas, ces besoins nous font peur car ils mettent en question notre organisation.

Les sujets importants à nos yeux nous font peur et  il est utile de d’affronter.

Les exemples ne manquent pas.

Un exemple classique est celui de la maternité. Lorsque le désir d’enfant devient urgent, la femme est harcelée par des images, des désirs, des fantasmes sur ce sujet. Assaillie par cette question, la femme est invitée à répondre.

Si la femme est sans compagnon, elle doit décider de trouver un compagnon pour faire un enfant ou le faire sans père. Si le mari est stérile, il faut décider de changer de mari ou d’accepter.

Ce sont des choix qui comptent, mais ces choix devraient en compte ce qui important pour soi.

Evaluer soi même comme évaluer les autres

Evaluer est une composante importante de la capacité humaine à éviter le risque et à améliorer sa qualité de vie. Apprécier  le beau, l’utile, l’agréable et éviter le risque. Il est normal aussi d’être conscient de nos jugements concernant les autres sont incomplets car nos données sont généralement partielles. Mais juger le comportement des autres ne doit pas être tabou, c’est le seul moyen de consolider ses repères et  de trouver sa propre valeur.

L’idée selon laquelle, "qui sommes-nous pour juger" est une idée théorique basée sur un système de tolérance utopique, sur une attitude récente dans notre société, d’acceptation positive inconditionnelle.

Pourtant, cette tolérance ne devrait pas nous faire accepter tout, jugement critique intérieur pour consolider ses repères oui, mais condamner non, c’est la différence entre la vraie tolérance et l’acceptation.

Jugeons les autres  pour dire : cette attitude ne me convient pas,  je ne l’accepte pas, mais je suis tolérant donc, je ne condamne pas.

S'abstenir de juger est indiqué dans une relation. Dans une relation thérapeutique. C’est un moyen d’aider le patient à s'accepter lui-même. Mais, dans une relation non-thérapeutique,  le non-jugement produit des résultats néfastes. Les jugements inhibés sont exprimés sous des formes pernicieuses (critiques indirectes, question pleine de sous-entendus, manipulation, etc.).

Dans d'autres cas, l'effort de neutralité détruit la relation en la transformant  en relation superficielle, complaisante. En cas de difficulté relationnelle, il faut se souvenir qu’on peut toujours tout dire si on sait le dire, donc, le dire sans heurter ni blesser.

Henriette 48 ans rencontre. son compagnon Moise âgé de 55 ans. Moise sortait d’une histoire relationnelle compliquée.  Henriette raconte :

 « A mon âge, je savais que les relations  humaines sont étranges mais quand j’ai eu Réa, l’ex de mon compagnon à la maison, j’étais plus que choquée. Elle est venue avec son enfant à propos d’un  problème administratif concernant l‘enfant. Elle a 24 ans.  Je ne savais pas comment réagir. On me dit qu’il ne faut  pas juger, mais je ne peux pas, c’est contre mes propres valeurs. Cette relation est pour moi épouvantable, incestueuse ou presque.

Après son départ, je lui ai dit ce que je pense mais sans colère ni nervosité. Il m’écoute puis il m’explique que cette relation avec Réa avait duré deux ans, une vraie relation d’amour et non pas une relation de désir. Puis il me dit : Même une relation de désir, où est le problème, elle est adulte, elle avait 23 ans. L’enfant c’est sont choix aussi.  Je n’ai jamais voulu d’enfant. Je savais que la différence d’âge était un problème sérieux. Mais Henriette, je n’ai pas abusé d’elle, et c’est elle qui a mis fin à ma relation avec elle pour retrouver un de ses ex. »


Henriette ne pouvait pas accepter de ne pas juger, cela aurait  crée un non-dit dans le couple, une zone non partagée par le couple.  Elle avait besoin de juger, de respecter ses propres valeurs et de ne pas accepter sans que cela ruine son couple. Elle a trouvé une solution intermédiaire :

«  Je l’invite régulièrement à la maison, avec son copain comme s’il s’agissait de ma propre fille car elle a l’age de ma fille. Mon conjoint est ravi de voir son enfant, je la considère comme un membre de la famille, et j’ai demandé à Moise de l’aider financièrement quand elle a besoin,  c’est ma façon à moi de garder le respect  que je dois à mes propres valeurs.  »

Accepter et admettre les souffrances durant l’enfance

Dans son livre sur la famille, John Bradshaw souligne une réalité psychologique :  « Nous ignorons à quel  point nous sommes en colère en face du passé. Nous ne ressentons pas notre souffrance non résolue car notre faux-moi et ses défenses nous en empêchent. »

Une des contributions majeures des études historiques est de nous  rappeler que notre passé est présent dans notre présent. Ce principe peut aussi  être appliqué  sur le passé individuel. La souffrance  refoulée non  reconnue posera toujours de son poids lors de nos décisions.

Difficile de prendre la décision de discuter avec l’enfant que nous étions, cet enfant qui a eu ses difficultés, ses problèmes et ses moments peu glorieux.

Emile est un enfant sans père comme il dit. Sa mère a eu une relation à l’âge de 16 ans avec un homme de passage, elle a gardé l’enfant sans avertir le père.  L’enfance d’Emile est une succession de problèmes et de douleurs, sa mère tenta de refaire sa vie mais elle tombait toujours sur des hommes peu disposés à rester avec elle ou avec des hommes de passage.

« Elle n’arrêtait pas de changer de mec. J’avais 6-7 ans quand je commençais à m'en rendre compte.  Mais elle était à la fois, belle, attirante,  et naïve. Elle passait ses nuits avec des hommes sans intérêt puis pleurait le matin. La pire elle me racontait ses malheurs, et très tôt  je détestais les hommes. Après nombreuses aventures, elle s’est mariée. Mon beau-père n’était pas un homme de qualité non plus. J’avais 14 ans quand j’ai commencé à répondre à ses coups. A 16 ans, j’ai quitté la maison. »

Emile a refait sa vie depuis. D’un apprenti  dans une usine de transformation de bois dans le Nord, il  devient à 35 ans associé. Mais le vieux problème de son enfance ressurgit :

« Ma fiancée est une fille bien, c’est la nièce de mon associée, elle a fait des études alors que je n’ai qu’un vague souvenir du programme de collège, elle est posée, calme. J’ai 35 ans, elle a 28 ans, c’est la femme qui me convient, qui peut m’aider. Mais je ne pouvais pas faire un enfant, pas question. Trop de souvenirs. Trop de honte, trop de tout. »

Quand j’ai parlé avec Emile, ce jeune patron refuse son enfance en bloc. Il a construit un faux – moi, une histoire à lui. On appelle cela en psychologie rationalisation. Il ne peut pas parler de l’enfant qu’il était. Insupportable, et logiquement il ne peut pas devenir père.

Il a fallu de nombreuses heures de discussion, pour qu’il pleure un jour en criant sa douleur. L’enfant qui recevait des coups, qui souffrait s’est réveillé, et le manque de père est à nouveau présent.

Il a admis son dégoût  pour sa mère, pour son beau-père, sa peur de la paternité. Il a admis sa honte devant le manque de scolarité.

F. Perls le fondateur de l’approche psychologique gestaltiste dit «  les choses ne peuvent changer tant qu’elles ne sont pas devenues ce qu’elles sont vraiment. » ( cité par Bradshaw dans l'ouvrage la famille )

Emile validera un jour sa souffrance. A présent sa femme est enceinte. Il tremble devant l’enfant qui va naître, mais sa femme le rassure en lui répétant qu’il sera un merveilleux père.

 
**LA SUITE LUNDI**

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